Chiens de compagnie

Publié: 28 août 2012 dans Antispécisme, Réflexions globales
Tags:, ,

Les 25 et 26 août dernier se tenait à Rennes le salon du chiot et du chaton : plusieurs centaines de bébés animaux -plus de 1300 l’an dernier- exposés à la vue et au toucher de plusieurs centaines de visiteurs sur 1000m2.

« C’est notre gagne pain »

Le but du salon du chiot est, bien entendu, l’argent. Mettre en avant les éleveurs professionnels (c’est à dire ceux qui vivent directement de l’élevage-entreprise) et leur permettre de vendre un maximum d’animaux sur les deux jours que durent le salon. C’est pour ça que l’an dernier, un spectacle de tigres avait été organisé, pour attirer plus de visiteurs… « chouette, des tigres, achetons un chien ! ». Cette année, plus soft, on a eu le droit à la « mini ferme » – comprendre : quelques animaux « de ferme », dont un âne hurlant, enfermés dans un enclos de métal leur permettant une liberté de mouvement très limitée. Le tout, dehors, à côté des jeux gonflables des enfants, des cris, de l’agitation, et sous la pluie.

Tout est bon pour attirer le visiteur, qui deviendra bien vite acheteur, client, consommateur.
> se rendre dans ce type d’événements, c’est déjà cautionner l’exposition de ces animaux, comme objets de consommation, et se rendre complice de leur marchandisation. Les acheter, c’est accepter de chiffrer la valeur de leur vie.

La situation en France

Avant d’aller plus loin, on pourrait sans doute rappeler la situation en France. Nous sommes champions des abandons, avec un score s’élevant à 200 000 par an. On estime le nombre d’euthanasies à 50 000 par an. Un quart. Un quart des chiens qui auront été jetés par la fenêtre sur le bord de la route, perdus dans les bois, ou encore sagement déposés dans les prison-SPA(1) seront tués. Tués parce qu’on n’aura plus voulu d’eux, qu’on se sera lassés, qu’on aura trouvé mieux ailleurs.

On peut objecter que moins d’animaux « de race » sont abandonnés, il me semble que c’est vrai. Si on ne veut plus d’eux, on les abandonne rarement : ils ont une valeur marchande, et peuvent être vendus. Il est sans doute vrai aussi que la majorité de ces chiens achetés finiront leur vie avec leur « maître », et seront bien traités.

Quel est le problème alors ?

Il me semble évident qu’on n’a pas le droit de faire naître de nouveaux chiots, dans ce monde qui -je le rappelle- leur est hostile alors que d’autres chiens sont tués faute d’adoptants. 50 000 chaque année. Et il n’y a pas que les « portées sauvages » (de particuliers) qui posent problème. Les personnes qui souhaitent vivre avec un chien devraient se tourner vers les chiens qui existent, qui attendent, avant d’aller en faire créer exprès. « oui, mais avec la race, on sait à peu près à quoi s’attendre, pour le chien… »

Le problème des races

Pour moi, les races en elles-mêmes posent fondamentalement problème. Non pas que je ne m’émerveille pas devant la beauté d’un Bull Terrier, ou d’un Beauceron. Je reconnais les avantages esthétiques liés à la race. Je reconnais également les prédispositions génétiques qui permettent de renseigner les gens sur le caractère futur du chien, sélection oblige.

Pour maintenir les races, il faut sélectionner quel chien devra s’accoupler avec quelle chienne, puis faire « subir »(2) à celle-ci une grossesse, puis une mise bas. L’humain en charge va ensuite s’accaparer sa progéniture, pour la vendre. Bon.
Toujours pour maintenir les races, la sélection des partenaires se fait sur les origines, le physique, et le caractère. On sait que ce type de sélections a provoqué des anomalies génétiques chez certains chiens : problèmes de respiration et de colonne vertébrale chez le carlin ; problèmes cardiaques chez le boxer….

Actuellement on connaît environ 500 maladies génétiques chez le chien, et chaque année de nouvelles viennent s’ajouter à la liste. 
Une centaine touche les croisés et les races pures. Les autres touchent seulement les races pures.
Ces dernières ne touchent en général qu’un nombre limité de race. 
A chaque maladie correspond une liste de races prédisposées . Chacune des races peut présenter des formes de la maladie spécifique. Ainsi la maladie de Von Willebrand, une forme d’hémophilie, n’a ni la même gravité ni le même mode de transmission chez le dobermann et le westie.
Chez le dobermann elle est très répandue (75 % de porteurs), mais se manifeste sous une forme atténuée. Chez le westie, elle est plus rare mais extrêmement grave. 
A chaque race correspond un certain nombre de maladies plus fréquentes, ou parfois propres à la race.

source : http://www.ecoledesmaitres.net/genetiquecanine/maladie_genetique.htm

Je rappelle, que nous trouvons logique, pour nous même, d’avorter lorsque le foetus présente une maladie génétique. Ici, il s’agit de les créer en toute connaissance de cause… mphf.

Enfin, si la race présente l’avantage de prévoir le caractère du chien adulte, cette prévision n’est que théorique. D’autres facteurs viennent s’ajouter à la génétique. Un éleveur renseigne les gens sur le caractère des parents, et ce qu’on peut attendre du chiot, une fois adulte, par rapport à sa race. Le chien n’est qu’un élément de l’espèce à laquelle il appartient. Un bénévole à la SPA renseigne sur le caractère DU chien, en fonction de son comportement, donc de sa personnalité. Le chien est alors un individu à part entière.

Les races, nous les avons créées et façonnées pour nous même. Indépendamment de la volonté des chiens (oui, les chiens ont une volonté, ils ne sont pas des peluches amorphes, dénués de toute conscience), et dans le but de nous servir. Avons nous le droit de choisir un chien pour sa race ? Je pense que non. On ne choisit pas les individus de notre espèce sur le critère de leur race. Ce serait très grave. Ne le faisons pas pour les autres espèces non plus.

À l’idée de la préservation des races, je répondrais que cela n’importe qu’à nous mêmes, et que c’est donc purement égoïste. « ce serait triste s’il n’y avait plus de carlins ! » > ce serait triste, POUR NOUS. Les chiens qui ne naîtrons pas n’en seront pas tristes.

C’est mieux d’avoir un chiot

Bon, déjà, on peut avoir des chiots dans les refuges et assos, car bien sûr, ils sont abandonnés tout autant que les autres. Sauf qu’ils sont  réadoptés bien plus vite.

Je comprends vaguement ce qui est mieux dans le fait d’avoir un chiot : qu’il nous soit habitué dès son plus jeune age, qu’on puisse lui apprendre ce qu’il doit apprendre tant qu’il peut l’apprendre, pouvoir faire avec lui les activités que l’on veut pouvoir faire, et l’y habituer pour qu’il y prenne goût. Autrement dit, avoir un chiot pour mieux le façonner ?

L’autre souci, c’est évidemment « l’éducation ». Beaucoup de gens se trouvent débordés dès que le chien commence à faire « des bêtises ». D’où la présence de jeunes chiens dans les refuges, ou sur les sites de petites annonces. Bonne nouvelle : personne n’est obligé d’avoir un chien 😀

Bref, avoir un chiot n’est absolument pas nécessaire pour qu’une belle relation naisse entre le chien et l’humain. D’ailleurs, pourquoi ne pas se choisir mutuellement (dans un refuge par exemple) ?

Chien de compagnie

à quoi sert le chien ? C’est -pour le cas qui nous préoccupe, et je ne vais pas m’étendre sur les autres aspects, sinon on va jamais en finir- un animal de compagnie ; On lui attribue donc une fonction, celle de tenir compagnie, à la maison, ou dans les activités. Le chien n’existe pas pour lui même, mais pour nous, pour ce qu’il nous apporte. Que se passe-t-il lorsqu’il ne nous l’apporte plus ? Que se passe-t-il si l’animal de compagnie ne remplit pas les fonctions qu’on aurait aimé qu’il possède ?

Il est évident que c’est l’humain qui choisit l’animal (je connais peu d’animaux qui viennent frapper à la porte des maisons pour se trouver des potes, quoi que ça arrive parfois). Est ce une raison pour que cet animal nous soit asservi (l’humain qui s’occupe du chien est bien son MAITRE), et que sa vie n’ait d’autre but que de nous tenir compagnie ?

C’est pourtant ce qui arrive quand on choisit un chien sur sa race, sur des critères pré-établis, de manière à ce qu’il corresponde à nos attentes… Pendant que les 50 000 non-choisis seront euthanasiés chaque année, car on leur aura préféré plus beau, plus jeune, plus classe, plus cher….

[Il n’y a rien d’exhaustif, dans toutes ces réflexions, je ne pensais déjà pas faire si long. Le problème est complexe et ne saurait être résolu en une centaine de phrases…

Les commentaires, objections, idées contradictoires ou complémentaires sont les bienvenus]

  • (1)je précise que je n’ai rien contre les SPA, qui font ce qu’elles peuvent, mais qui restent des prisons.

  • (2)Je ne sais pas dans quelle mesure cela peut être pénible pour elle. On pourrait dire comme les vaches « non, elles aiment bien » mais je n’adhère pas à ce type de pensée qui fait de l’animal une machine. Sans pour autant tomber dans l’anthropomorphisme, je n’ai jamais entendu quelqu’un parler d’une grossesse comme du meilleur kiff de sa vie, et je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour tous les autres animaux.

Les commentaires sont fermés.