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J’ai hésité un moment à écrire mon avis sur le sujet, parce que lui donner consistance est un peu paradoxal, mais certaines choses méritent quand même d’être dites.
Samedi 13 juin 2015, les animalistes marchaient à Paris pour demander / exiger la fermeture des abattoirs. Un groupuscule refusant le code couleur de la marche, s’y est introduit avec un peu de force tout de même, pour afficher un autre type d’idées.
Que l’on s’entende : je ne suis pas pour le consensus, je ne suis pas pour les abattoirs gentils ou les élevages heureux, pas plus que pour tout autre type d’activité qui fasse souffrir de près ou de loin les animaux quelle que soit leur espèce. D’ailleurs, je n’ai moi-même jamais été virée du fameux groupe, ce qui témoigne de ma pureté. Bon elle me sera aujourd’hui définitivement retirée.
Voilà ce qui m’a dérangée….
1) Aucun message, aucune pancarte concernant les animaux.
De la part de personnes se revendiquant « pures » et comme ayant une éthique plus poussée que celle des autres individu.e.s, c’est un peu gênant… Ils/elles n’étaient là en fait que pour se revendiquer eux/elles-mêmes, affichant des pancartes ne parlant que d’eux/elles, de ce qu’ils/elles sont, ne sont pas, ce qui au passage ne concerne ni n’intéresse personne. Nous étions là pour les animaux, ils/elles étaient là pour eux-mêmes. Ce type de comportement et de positionnement est juste la plaie de la cause animale, ce que les mouvements politiques pour les droits des animaux essaient de combattre. Parlez des animaux, pas de vous.
2) Attaque de l’association L214
En fait, ces personnes étaient là en contre-manifestation. Pourquoi n’organisent-elles et ils pas leurs propres manifestations ? Parce qu’ils/elles ont besoin de L214 pour être visibles. Elles et ils dépensent une énergie considérable à contre-manifester, sans même laisser passer un message pour les animaux, alors même qu’elles et ils prétendent pouvoir dire à L214 la manière dont l’association devrait agir et dépenser son énergie et son argent. Que l’on ne soit pas d’accord avec une stratégie d’action c’est une chose, qu’on essaie de la saper totalement en est une autre (mais heureusement ça n’a pas été le cas,le seul désagrément a été d’attendre la cohorte de CRS que leurs visages masqués exigeaient de voir venir). On ne peut pas dire aujourd’hui que ce petit groupe de personnes auto-centrées fasse quoi que ce soit pour les animaux au niveau politique. Insulter les personnes qui ne pensent pas comme elleux sur les réseaux sociaux ne sert en vérité pas à grand chose.
3) Une incohérence globale
En agissant exactement de la manière qu’ils et elles dénoncent, avec des comportements limite fascisants, et ne laissant la place à aucune discussion, ces personnes font preuve d’une incohérence qui met forcément à mal leur éventuelle crédibilité. Vouloir la convergence des luttes est louable et souhaitable, encore faut-il savoir de quoi on parle.
Devons-nous nous attendre à ce que ce groupe infiltre les manifestations de syndicats avec cette même affiche « ni abattoirs, ni patrons » ? J’attends de voir ça.
En attendant, une idée : Végétarien, végétalien, vegan, pourrait être renommé Very Virtuous Vegan, non ?
Suite à la lecture de cet article : http://societeveganarchiste.fr/communiques.html je rajouterais quand même que : Nous sommes tous d’accord sur le fait que l’exploitation des animaux permise par le specisme est à abolir au plus vite. Vous pensez qu’il faut « convertir » les gens au un par un, je pense qu’il faut des actions et mesures politiques. Quoi qu’il en soit, la marche pour la fermeture des abattoirs est un moment où l’on peut se réunir et faire entendre nos voix pour les animaux, les querelles de vegans n’ont rien à y faire, parce que ce n’est pas une marche pour le véganisme, mais pour la libération des animaux.
Une journée de spécisme ordinaire
Publié: 23 avril 2015 dans Non classéTags:animaux, canards, pain, pigeons, spécisme
En fait, je dis une journée, mais ce que je vais raconter tient sur une heure de temps. Imaginons la taille de l’article, si je devais retracer une journée complète….
« Cool, on va donner du pain aux canards »
Je passe sur un pont, et je vois un homme et des enfants, tous regardent en direction du canal, sous le pont. Je les dépasse, et je comprends un peu tard ce qu’ils étaient en train de faire : jeter du pain aux canards. J’ai hésité longtemps à me retourner pour aller leur parler, mais je n’avais pas toutes les infos en tête… La prochaine fois je le ferai.
Lorsque l’humain nourrit les canards, il leur propose un lieu de nourrissage qui n’est pas nécessairement compatible avec leurs besoins réels. Autrement dit, les canards vont venir se concentrer là où on les nourrit, et pas là où se trouve leur nourriture. Si leur population se régule normalement en fonction des ressources disponibles, le fait de les nourrir court-circuite cette régulation.
Ça c’est un point important, parce que ça marche de la même manière pour les pigeons en ville. Si les pigeons cherchent leur nourriture en ville, c’est bien parce qu’ils l’y trouvent. Sauf qu’ils ne sont pas les bienvenus en ville. La « surpopulation », la régulation, les nuisibles, éradiquer, capturer, tuer. Ça monte vite.
On trouve aussi le problème des apprentissages des petits : ils apprennent à ramasser ce que les gens balancent, et pas à fouiller leur environnement comme ils devraient le faire. Cet apprentissage biaisé mène aussi les canards à attraper tout ce qui tombe / est balancé, et on sait que les gens sont pas très regardant sur ce qu’ils foutent dans le canal… bouchons en plastique et autres ne sont pas digérés par les canards. Ils grossissent, ne volent plus, ou juste meurent d’avoir ingéré trop de glucides.
Aussi, le pain c’est de la merde. Les canards ne mangent pas de pain.
ON trouve toutes ces explications sur divers sites :
- http://www.lemagazineiledessoeurs.com/Societe/Environnement/2006-11-08/article-1025804/Pourquoi-nourrir-les-canards-sauvages-est-une-tres-mauvaise-idee/1
- Canards illimités canada : http://www.canards.ca/en-apprendre-plus-sur-les-milieux-humides/faq-sur-la-sauvagine/#2
- http://www.denhaag.nl/fr/residents/to/Ne-donnez-plus-de-pain-aux-cigognes-canards-et-autres-oiseaux.htm
- Le pigeon « nuisible » : http://sosconso.blog.lemonde.fr/2013/07/17/merci-de-ne-pas-nourrir-les-pigeons/
- Pigeon : http://www.svpa.ch/protection_animaux/animaux_faune/?id=34
Pourquoi ce besoin de nourrir les animaux sauvages qui n’ont aucunement besoin de nous pour vivre ? Peut-être que c’est plaisant de se croire utile. D’aider « le faible ». Parce que les pauvres, ils ont besoin de nous pour vivre… tous les animaux ont besoin de nous, ils sont tellement bêtes… (argument souvent repris pour la production de lait « non mais la vache si on la trait pas, elle meurt ! », ou pour les divers élevages « ben si on les élève plus, ils existent plus ! »).
Ça me fait penser aux animaux de Tchernobyl. Pour ceux qui ne sont pas trop au courant, depuis que les humains ont déserté, Tchernobyl est devenu un genre de paradis pour les animaux non-humains… qui ont enfin la paix. (vidéo arte: http://www.mystere-tv.com/la-nature-apres-tchernobyl-v928.html ).
D’ailleurs, ça me fait aussi penser à ça : http://www.question-animale.org/fra/estivales-2013-pierre-sigler-2
le phénomène de marronnage, ou comment des individus appartenant à des espèces autrefois domestiquées parviennent à retourner à l’état sauvage et à vivre sans nous.
En fait, les individus que nous n’avons pas domestiqués peuvent très bien vivre sans nous. Il faut arrêter de nous croire indispensables à leur survie.
ça ne veut pas dire qu’il faut laisser mourir les animaux qui ont réellement besoin d’aide, je précise… Et il y a aussi des moyens adaptés de nourrir les canards, par exemple, si ceux ci en ont besoin.
« Cool, on va pêcher des poissons ! »
Bam, plus loin sur le pont, j’oublie les canards, je croise un pêcheur. Beaucoup de gens, quand ils croisent un pêcheur, voient une personne qui est en train de se divertir. Et quelques uns voient un homme en train de tuer sciemment des individus. Il va les chercher dans leur lieu de vie, appâtés par un autre individu qui lui est définitivement condamné de toutes façons. La mort d’un poisson sorti de l’eau est l’une des plus douloureuses, c’est la mort par asphyxie. C’est aussi celle qu’on n’entend pas et pour laquelle on ressent le moins d’empathie.
« Cool, on va chez Truffaut »
Ou plutôt c’est Truffaut qui s’invite chez toi. Avec son magazine publicitaire qui fait rêver : vente de lapins, d’oiseaux, de poules « d’ornement », de poissons, de reptiles…. Tous ces individus dont on chiffre la valeur, que l’on s’échange contre un peu d’argent, que l’on enferme jusqu’à la mort ou jusqu’à ce qu’on s’en lasse, pour qu’ils soient enfermés ailleurs.
« Cool, on va bouffer au resto ! »
Je crois que les responsables marketing qui ont mis au point le concept de l’animal heureux d’être tué et mangé nous prennent vraiment pour des cons. Un cochon serveur qui amène des plats faits de morceaux de ses congénères sur la table, des maman-vaches qui donnent leur lait de bon cœur à d’autres que leurs veaux pour faire du chocolat, des animaux qui se découpent eux-mêmes. Comme si on allait avaler ça, comme si ça pouvait faire passer la question de la culpabilité. Ce sont juste des individus qui voudraient vivre, pas des Jésus qui nous font sacrifice de leur vie.
Arrêtons-nous là, ça fait déjà beaucoup de choses à assimiler.