Articles Tagués ‘spécisme’

En fait, je dis une journée, mais ce que je vais raconter tient sur une heure de temps. Imaginons la taille de l’article, si je devais retracer une journée complète….

« Cool, on va donner du pain aux canards »

Je passe sur un pont, et je vois un homme et des enfants, tous regardent en direction du canal, sous le pont.  Je les dépasse, et je comprends un peu tard ce qu’ils étaient en train de faire : jeter du pain aux canards. J’ai hésité longtemps à me retourner pour aller leur parler, mais je n’avais pas toutes les infos en tête… La prochaine fois je le ferai.

Lorsque l’humain nourrit les canards, il leur propose un lieu de nourrissage qui n’est pas nécessairement compatible avec leurs besoins réels. Autrement dit, les canards vont venir se concentrer là où on les nourrit, et pas là où se trouve leur nourriture. Si leur population se régule normalement en fonction des ressources disponibles, le fait de les nourrir court-circuite cette régulation.

Ça c’est un point important, parce que ça marche de la même manière pour les pigeons en ville. Si les pigeons cherchent leur nourriture en ville, c’est bien parce qu’ils l’y trouvent. Sauf qu’ils ne sont pas les bienvenus en ville. La « surpopulation », la régulation, les nuisibles, éradiquer, capturer, tuer. Ça monte vite.

On trouve aussi le problème des apprentissages des petits : ils apprennent à ramasser ce que les gens balancent, et pas à fouiller leur environnement comme ils devraient le faire. Cet apprentissage biaisé mène aussi les canards à attraper tout ce qui tombe / est balancé, et on sait que les gens sont pas très regardant sur ce qu’ils foutent dans le canal… bouchons en plastique et autres ne sont pas digérés par les canards. Ils grossissent, ne volent plus, ou juste meurent d’avoir ingéré trop de glucides.

Aussi, le pain c’est de la merde. Les canards ne mangent pas de pain.

ON trouve toutes ces explications sur divers sites :

Pourquoi ce besoin de nourrir les animaux sauvages qui n’ont aucunement besoin de nous pour vivre ? Peut-être que c’est plaisant de se croire utile. D’aider « le faible ». Parce que les pauvres, ils ont besoin de nous pour vivre… tous les animaux ont besoin de nous, ils sont tellement bêtes… (argument souvent repris pour la production de lait « non mais la vache si on la trait pas, elle meurt ! », ou pour les divers élevages « ben si on les élève plus, ils existent plus ! »).

Ça me fait penser aux animaux de Tchernobyl. Pour ceux qui ne sont pas trop au courant, depuis que les humains ont déserté, Tchernobyl est devenu un genre de paradis pour les animaux non-humains… qui ont enfin la paix. (vidéo arte: http://www.mystere-tv.com/la-nature-apres-tchernobyl-v928.html ).

D’ailleurs, ça me fait aussi penser à ça : http://www.question-animale.org/fra/estivales-2013-pierre-sigler-2

le phénomène de marronnage, ou comment des individus appartenant à des espèces autrefois domestiquées parviennent à retourner à l’état sauvage et à vivre sans nous.

En fait, les individus que nous n’avons pas domestiqués peuvent très bien vivre sans nous. Il faut arrêter de nous croire indispensables à leur survie.

ça ne veut pas dire qu’il faut laisser mourir les animaux qui ont réellement besoin d’aide, je précise… Et il y a aussi des moyens adaptés de nourrir les canards, par exemple, si ceux ci en ont besoin.

« Cool, on va pêcher des poissons ! »

Bam, plus loin sur le pont, j’oublie les canards, je croise un pêcheur.  Beaucoup de gens, quand ils croisent un pêcheur, voient une personne qui est en train de se divertir. Et quelques uns voient un homme en train de tuer sciemment des individus. Il va les chercher dans leur lieu de vie, appâtés par un autre individu qui lui est définitivement condamné de toutes façons. La mort d’un poisson sorti de l’eau est l’une des plus douloureuses, c’est la mort par asphyxie. C’est aussi celle qu’on n’entend pas et pour laquelle on ressent le moins d’empathie.

« Cool, on va chez Truffaut »

Ou plutôt c’est Truffaut qui s’invite chez toi. Avec son magazine publicitaire qui fait rêver : vente de lapins, d’oiseaux, de poules « d’ornement », de poissons, de reptiles…. Tous ces individus dont on chiffre la valeur, que l’on s’échange contre un peu d’argent, que l’on enferme jusqu’à la mort ou jusqu’à ce qu’on s’en lasse, pour qu’ils soient enfermés ailleurs.

« Cool, on va bouffer au resto ! »

Je crois que les responsables marketing qui ont mis au point le concept de l’animal heureux d’être tué et mangé nous prennent vraiment pour des cons. Un cochon serveur qui amène des plats faits de morceaux de ses congénères sur la table, des maman-vaches qui donnent leur lait de bon cœur à d’autres que leurs veaux pour faire du chocolat, des animaux qui se découpent eux-mêmes. Comme si on allait avaler ça, comme si ça pouvait faire passer la question de la culpabilité. Ce sont juste des individus qui voudraient vivre, pas des Jésus qui nous font sacrifice de leur vie.

Arrêtons-nous là, ça fait déjà beaucoup de choses à assimiler.

… ce que nous ne voulons pas voir.

Transcription de l’introduction :

Les images que vous allez voir ne sont pas des cas isolés. Ce sont les méthodes utilisées dans l’alimentation, la confection, le divertissement et la recherche. Certaines images peuvent choquer.

Les trois étapes de la vérité:
1. Ridiculiser
2. Opposition violente
3. Acceptation

Terriens.
Terrien: nom. Habitant de la planète Terre.
Puisque nous habitons tous sur Terre, nous sommes tous des terriens. Ce terme ne contient aucune notion de sexisme, de racisme ou de discrimination selon les espèces. Il regroupe chacun de nous: ceux à sang chaud ou froid, mammifères, vertébrés, invertébrés, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons et êtres humains. Les êtres humains ne sont pas seuls sur Terre. Ils partagent le monde avec des millions de créatures qui évoluent en même temps qu’eux. Cependant, les êtres humains ont tendance à dominer la Terre et à traiter les autres êtres vivant sur cette planète comme de simples objets. Voilà ce qu’on entend par le terme « spécisme ».

Comme le racisme ou le sexisme, le terme spécisme est un préjugé ou une opinion en faveur des membres de son espèce et au détriment des membres d’une autre espèce. Si un être souffre, il n’est pas moralement justifiable de refuser de prendre en compte cette souffrance. Quelle que soit la nature de cet être, le principe d’égalité implique que la souffrance d’un être est égale à la souffrance de tout autre être.

Les racistes violent le principe d’égalité en accordant plus d’importance aux intérêts des membres de leur race quand leurs intérêts sont en conflit avec ceux d’une autre race. (Manifestation à Nuremberg, 1929) Les sexistes violent le principe d’égalité en favorisant les intérêts de leur sexe. De façon similaire, les spécistesfavorisent leurs propres intérêts au détriment des autres espèces. Tous obéissent à un schéma similaire.

Bien qu’entre humains, nous reconnaissions le principe du respect: un être humain est une personne, non une chose, un traitement moralement irrespectueux a lieu lorsque ceux qui détiennent lepouvoir traitent les plus faibles comme de simples objets. Comme le violeur traite sa victime. Comme le pédophile traite un enfant. Comme le maître traite son esclave. Dans tous ces exemples, ceux qui ont le pouvoir exploitent ceux qui sont faibles. Ce concept s’appliquerait-il à la façon dont les humains traitent les animaux et les autres terriens?
Il y a bien sûr des différences, car les êtres humains et les animaux sont dissemblables à bien des égards. Mais la question de la similitude porte un autre visage. Certes, les animaux n’éprouvent pas les même désirs que nous. Il est vrai qu’ils ne comprennent pas tout ce que nous comprenons. Cependant, nous avons des besoins similaires et nous comprenons certaines choses de la même façon,  le besoin de manger et de boire, de s’abriter et de vivre en compagnie, d’être libre de ses mouvements et d’éviter la souffrance. Ces besoins sont partagés par les animaux et les êtres humains. Quant à la compréhension, les animaux, comme les hommes, comprennent le monde dans lequel ils vivent. Sinon, ils n’auraient pas survécu. Malgré toutes nos différences, nous sommes similaires. Comme nous, ces animaux incarnent le mystère et le miracle de la conscience. Comme nous, ils ont conscience du monde dans lequel ils vivent. Comme nous, ils sont le centre psychologique d’une vie qui leur est propre. A ce niveau, nous sommes sur le même pied, si l’on peut dire, que les porcs et les vaches, les poulets et les dindes.
Qu’attendent ces animaux de nous? Comment devons-nous les traiter? Pour répondre à ces questions, il faut reconnaître notre parenté psychologique avec eux. Le film qui va suivre démontre en cinq points comment les animaux ont servi l’humanité, au cas où nous aurions oublié.

Le Prix Nobel de la paix Isaac Bashevis Singer a écrit dans son best-seller, « Ennemis, une histoired’amour », ces quelques mots « Chaque fois que Herman assistait à l’abattage d’animaux et de poissons, il avait toujours la même pensée: dans leur comportement envers les autres créatures, tous les hommes sont des nazis. L’arrogance avec laquelle l’homme traite les autres espèces comme bon lui semble représente les théories racistes les plus extrêmes, le principe selon lequel la raison du plus fort est la meilleure. » Cette comparaison à l’holocauste est intentionnelle et évidente. Un groupe d’être est tourmenté aux mains d’un autre. Certains diront que la souffrance des animaux n’est pas comparable à celle des Juifs ou des esclaves, mais il existe une similitude. Pour les prisonniers et victimes de ce massacre, cet holocauste est loin de toucher à sa fin.
Henry Beston à écrit dans son livre, « The Outtermost House » (Une maison au bout du monde): « Il nous faut une attitude plus sage et peut-être plus mystique vis-à-vis des animaux. Éloigné de la Nature universelle et vivant dans la complexité, l’homme civilisé observe les animaux à travers la loupe de son savoir. Il voit une plume agrandie et toute l’image est déformée. Nous traitons avec condescendance leur état inachevé, le sort tragique qui les a conduit à naître inférieurs à nous. C’est là que nous faisons une erreur. Une grave erreur.
On ne peut pas comparer les animaux aux hommes. Dans un monde plus vieux et plus achevé que le nôtre, ils se déplacent, dans leur forme achevée. La nature leur a fait don d’un prolongement des sens que nous avons perdu ou jamais atteint. Ils entendent des voix que nous n’entendrons jamais. Ils ne sont ni nos frères ni nos subalternes. Ils constituent un autre monde, pris avec le nôtre dans le filet de la vie et du temps, prisonniers de la splendeur et des tourments de la Terre.« 

J’ai pris cette retranscription sur ce blog : Terriens

1h35 de film, ce n’est pas très long par rapport à tout ce que les animaux doivent subir chaque jour par notre faute, que ce soit pour notre alimentation, nos loisirs, notre ennui, nos vêtements, notre cruauté gratuite parfois.

 

 

Il me semble que la nouvelle affiche de publicité de l’Observatoire National des Prisons est assez ratée. Découvrez :

« Si ça peut vous aider à donner, dites-vous que cet homme est un chien ».

Il n’échappe à personne que cette phrase est hautement culpabilisatrice. Non seulement, vous ne donnez pas pour les prisonniers, mais en plus, vous donnez pour des causes jugées moins importantes. C’est sous-entendu. Vous êtes de gros radins, mais pas pour les chiens.

  • Le 1er constat, c’est que… et bien non. Les gens ne donnent pas plus aux autres animaux qu’aux humains. C’est même évidemment nettement le contraire. Et quand on ose militer pour les animaux, on vient nous sermonner qu’il y a des humains qui ont besoin d’aide, et que c’est plus important. Ça en deviendrait presque de la victimisation en fait… « pourquoi vous les aidez eux, et pas nous ? »

Cliquer pour accéder à liste-association-2011.pdf

  • « Cet homme est un chien » résonne sans doute un peu comme une infériorisation de l’homme. Pour ma part, je pense le chien tout à fait respectable, et tout aussi digne de vivre que n’importe quel humain. Pour autant, on retrouve dans le texte sous le slogan cette idée d’infériorisation.

« Parce qu’il n’accepte pas que des hommes et des femmes puissent être traités comme des animaux en cage »

  • Il y aurait une manière de traiter des animaux en cage, plus dure que ce que doit être la prison. Autrement dit, on traite les détenus comme des animaux, et on ne leur vient pas en aide, alors qu’on aide les chiens, ce qui n’est pas normal.
  • Outre la notion de priorité dans les « luttes » et les droits à faire respecter pour chacun, la comparaison est plus que douteuse et fait réagir…

Les réactions :

« Si on est en prison c’est qu’on l’a cherché »

« Et dire que les chiens sont piqués, eux »

« Comment peut-on se permettre de comparer la détention d’un homme apparemment coupable à la détention d’un chien qui n’a rien fait »

Forcément si on fait culpabiliser les gens, en général ils réagissent assez vite. Et effectivement, la comparaison est difficilement tenable.

Les chiens dans les cages, à la SPA sans doute, sont victimes (d’abandon) et pas coupables. Les détenus sont censés l’être. On se demande ce que le spécisme vient foutre là-dedans, surtout quand il est aussi explicite. Ce genre de commentaires était assuré…

D’autre part, il y  a quand même des gens qui soulignent l’importance de ne pas diaboliser les détenus, et « club-méder » les prisons (parce que ce refrain revient quand même vachement souvent, et c’est flippant), tout en affirmant que détenir des animaux en cage est bien plus moral que d’y détenir des humains.

N’y a-t-il pas un juste milieu ??

Que faire de tout ça ?

Un joli reportage diffusé sur France 5 le 2 septembre 2012 et qui s’intitule « Singes malins et perroquets prodiges« .

Il fait sans doute suite, comme le feront d’autres, j’espère, à cette récente déclaration : la déclaration de conscience animale de Cambridge que vous pourrez lire ici.

Il peut paraître à certains aberrant que ce soit seulement maintenant que de tels documents soient mis en valeur, que de tels résultats de recherche apparaissent enfin comme officiels, tant nous étions nombreux à avoir, nous aussi, déjà conscience de tout ça. C’est tellement difficile d’admettre que nous ne sommes pas « les élus ». Admettre la conscience animale revient aussi à admettre que nous nous sommes trompés… dans le traitement que nous avons infligé aux animaux, dans la manière de les considérer, dans la place à leur accorder.

Va-t-on pour autant se montrer cohérents dans nos manières d’agir ? C’est une autre question…

Bref, revenons-en à notre reportage… il est visible >ICI<

Attention ce qui suit raconte des passages de la vidéo, même brièvement. je vous invite donc à la regarder avant de lire la suite, ce qui permettra également de vous faire votre propre opinion sur le sujet !

voici la manière dont il est présenté à la diffusion :

Pendant longtemps, l’idée même que les animaux pouvaient éventuellement parler, résoudre des problèmes, ressentir des émotions paraissait saugrenue. Quiconque en émettait l’hypothèse se faisait aussitôt taxer d’anthropomorphisme, tant l’humain avait besoin de se sentir et de se penser l’unique et le seul être doué de raison et de sentiments. Mais tout ceci est actuellement en train de changer. A travers le monde, des recherches scientifiques, éthologiques et comportementales révèlent que les animaux sont bien plus intelligents que ce qu’on imaginait et croyait jusqu’à présent. Se pose maintenant la question de savoir jusqu’à quel point.

Ce que nous y voyons ?

Des singes, bien plus malins que des enfants humains dans la résolution de problèmes ; un oiseau qui utilise des appâts pour la pêche;  la création d’outils permettant de s’adapter à son environnement; un chien qui a appris à faire du skate sans entrainement humain ; un chimpanzé plus intelligent que le concepteur du programme sur lequel il s’entraîne…

à ce sujet, on comprend que les chimpanzé voient et mémorisent plus rapidement que nous. Ce qui, on pourrait le dire, n’est pas signe d’intelligence, mais donnée physique. Pourtant, la capacité de mémorisation et la vitesse sont des composantes des tests cognitifs dits d’intelligence.

On voit également comment des pigeons apprennent à se repérer dans le ciel… non pas en suivant leur instinct, mais en apprenant de leurs erreurs, et en s’entraînant. Ils se fabriquent, comme nous, une cartographie mentale.

Mais aussi un perroquet qui sait compter, et qui distingue les couleurs, les matières, les formes…

On voit un chien résoudre une tâche cognitive complexe, qui est d’associer le nom inconnu demandé par l’humain à l’objet inconnu. Pour cela, il doit considérer tous les objets, et leur associer des noms, procéder à un examen minutieux, et opérer une déduction. Ce type de test est utilisé chez les enfants humains.

Toutes ces prouesses (et les autres) nous apprennent que nous ne sommes pas seuls à posséder des capacités cognitives complexes. Les autres animaux possèdent également des moyens de raisonner, de communiquer, de vivre en société… et pourquoi en serait-il autrement, nous avons les même structures cérébrales ! Il serait étrange qu’elles ne soient si spéciales que chez nous… bien plus que l’inverse.

Quant aux sentiments, le reportage nous dit que les cétacés possèdent, proportionnellement à la taille du cerveau, TROIS FOIS PLUS de neurones fusiformes -affectés à « l’amour et à l’empathie »- que les humains. Petite pensée pour le film Orca qui met tout ça en valeur, sans même mentionner les aspects scientifiques.

Les animaux également peuvent se reconnaître dans le miroir, c’est à dire qu’ils ont conscience d’eux mêmes. Les enfants humains acquièrent cette capacité au cours du développement, la conscience n’étant pas innée chez l’humain…

Petit rappel vers cet article qui traite de la mentaphobie (la négation de la conscience aux animaux non-humains) : ici.

Que faire de tout ça ?

Revoir nos manières de traiter les animaux, en faire nos égaux, arrêter d’antropocentrer les priorités, arrêter de les tuer, de les manger, de les ignorer, de les maltraiter, de les abandonner, de les torturer, de les commercialiser, de les enfermer…

Depuis vendredi 13 juillet (ça sonne un peu comme une mauvaise blague superstitieuse), on a pu lire dans « midi libre » l’article suivant :

Les abattoirs Alazard et Roux à Tarascon (Bouches-du-Rhône) vont préparer gratuitement à la banque alimentaire de Vaucluse la viande de 6 taureaux tués dimanche prochain dans les arènes de Châteaurenard.

Les anti-corridas dénoncent ce« pacte inacceptable » sur les réseaux sociaux.

Thierry Hély, porte-parole de la Flac (Fédératon des Luttes pour l’Abolition des Corridas) a déclaré ce vendredi matin sur France Bleu Vaucluse: « Nous on se lève contre ce genre d’initiative sur le plan éthique. On ne peut pas offrir cette viande qui a été le produit d’une pratique cruelle et d’unetorture caractérisée dans les arènes. Pour nous c’est inadmissible. »

Pour Maïté Grégoire Bruché, la présidente de la banque alimentaire Vaucluse citée par nos confrères, il n’est pas question de refuser cette viande : « Ce don c’est quelque chose d’exceptionnel pour nous. Six taureaux de combat de plus de 600kg chacun ça représente 10 000 repas« .

Elle ajoute que tous les bénéficiaires seront informés de l’origine de la viande.

lien vers le site

L’article est assorti d’un sondage qui permet de raviver les vieux débats stériles sur la validité ou non de tel ou tel vote. Peu importe.
La nouveauté, c’est la manipulation de l’opinion publique, qui doit en quelques sortes trancher entre les taureaux et les humains. Déjà certains hésitent quand il s’agit de choisir entre des vies et une tradition. Alors quand il s’agit de choisir entre des vies animales et la faim humaine, le calcul devient compliqué…
Les « anti » sont taxés de sans coeurs, qui préfèrent les animaux aux humains… Peut-on comparer mourir et avoir faim ? Et dans quelle mesure, ne pas manger la viande des taureaux massacrés en arène va-t-elle priver les gens de nourriture ?

Je serais d’avis que les personnes qui vont bénéficier de cette viande aillent faire un tour en arène dimanche, et voient d’elles-mêmes ce à quoi elles participent.

 Corrida, la torture légale

La corrida ne se maintient en France que par un alinéa dans l’article 521-1 du code pénal, qui la reconnait alors comme un acte de cruauté

Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30000 euros d’amende.

[…]

Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie.

article complet

« Tu ne tueras point. Sauf si cela fait partie d’une tradition…  »

Est ce que la tradition justifie la cruauté ? Dans ce cas, pourquoi diable emmerde-t-on les défenseurs et pratiquants de l’excision ? Il s’agit pourtant d’une tradition, cruelle certes, mais d’une tradition, dont les victimes ne sont pas consentantes. Aucune différence.
Si ce n’est l’espèce de la victime… nous y reviendrons.

Pourquoi ?

Il est difficile d’entre-voir tous les enjeux qui se cachent derrière la corrida… L’argent, l’identité, la supériorité de l’Homme avec un grand H sur l’animal (avec un petit a).

Il n’y a en fait qu’un seul point sur lequel je suis partiellement d’accord avec les « pro » : il est difficile de savoir ce qui est pire entre les sorts de taureaux de corrida et ceux de vaches en élevage intensif. La comparaison revient souvent : « nos taureaux meurent dignement dans une arène, mais avant ça, ils ont vécu une belle vie; vos vaches vivent une vie de souffrance en élevage intensif avant d’être tuées dans la plus grande indifférence »… Encore une fois, on ne justifie pas un crime par un autre. Les vaches élevées pour leur chair représentent un problème, la corrida un autre.

La corrida se maintient aussi comme ça : « c’est pas pire que… ».

Son inscription au patrimoine immatériel de France en avril 2011 n’a rien arrangé au problème. Alors que de plus en pus de Français récusent cette pratique barbare, la France s’en fait le garant…

Bref, pourquoi alors contester ce don à la banque alimentaire ?

La faim justifie les moyens

Pour moi, ce don fait aux gens « dans le besoin » est une tentative de manipulation à peine couverte…

on est gentils; nous au moins on aide les humains; partageons la torture.
Une bonne manière de mettre les non-aficionados dans le même panier : la corrida profite à tout le monde, et surtout aux humains, et c’est tout ce qui compte, non ?

à l’heure où la corrida est plus que contestée, partout en France -et ailleurs- il est de bon ton de faire un geste qui les rende agréables aux yeux des gens.

En fait, si l’on en croit les quelques informations que l’on trouve sur internet, ce n’est pas la 1ère tentative, et certaines corridas se font appeler « de bienfaisance ». J’ai d’abord essayé de ravaler mes préjugés, et je me suis dit « peut être que c’est vrai. Qu’ils ne voient pas le mal, et qu’ils veulent vraiment aider les gens avec leur argent -qui n’en est pas moins dégueulasse ». Finalement, je n’en suis pas si sûre, vu les propos portés sur les quelques associations qui ont eu l’intelligence et l’éthique de refuser l’argent. On n’améliore pas la vie de certains avec la torture à mort des autres…

Je me suis demandé récemment pourquoi les aficionados étaient si agressifs. Je crois que c’est parce qu’ils n’ont plus de vrais arguments pour contrer ceux des « anti ». La tradition, on a compris. Le spectacle et l’identité d’une ville, on a compris. On leur accorde tout ça, la beauté du spectacle, même s’ils veulent. Mais ça ne justifie rien. Tous les arguments qu’ils peuvent mettre en avant ne justifient pas la torture, la souffrance, la mort sous des centaines d’yeux qui se contentent de regarder… regarder souffrir, et regarder mourir.

La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres

Même discours pour les aficionados et pour les mangeurs de viande : « toi tu fais ce que tu veux, je ne te juges pas sur tes choix de vie. Alors laisse moi tranquille, et ne me juge pas non plus ! »

Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Parce que la corrida, comme la viande, implique de faire souffrir d’autres individus, innocents. On ne peut pas être témoin d’injustices et laisser faire.

On peut donc également s’élever contre la lâcheté de la banque alimentaire d’accepter la viande de taureaux torturés. Un rachat de conscience pour les aficionados.

liens :

La corrida en France : une exception très culturelle, Le Monde, 28.07.2010

Pourquoi j’aime la corrida par François Zumbiehl

corridas de bienfaisance

CAS

On me demande parfois « pourquoi / comment tu es devenue végétarienne ? » et je réponds souvent « parce que j’ai eu internet ». ça n’a pas pris bien longtemps avant que je découvre ce qui se cache derrière les non-vitres des abattoirs, et que je découvre la souffrance des animaux, qui ne sont pas que des chiens et des chats, mais qui peuvent aussi être des vaches, des cochons, des poules, voire des animaux plus moches comme les dindons.

J’avais donc décidé de devenir végétarienne par compassion pour les animaux, pour ne plus avoir à me nourrir de cadavres abattus dans des conditions atroces ; j’ai été touchée par leur souffrance, et l’horreur de l’élevage intensif. Je suis aussi devenue végétarienne par compassion envers moi-même, pour ne plus avoir à me mentir, à fermer les yeux, pour ne plus culpabiliser devant un morceau de chair animale dans mon assiette.

« et les poissons alors ? » les poissons sont des animaux, au même titre que les autres. Le fait qu’ils vivent dans l’eau et qu’on n’entende pas leurs cris ne veut pas dire qu’ils ne souffrent pas. La capacité d’empathie de l’humain est parfois bien limitée… et antropocentrée.

 

A ce moment là, manger des oeufs ou des produits laitiers ne me posait pas de problème. « on les tue pas alors ça va »…

J’ai quand même décidé d’aller chercher des gens qui me ressemblent, pour qu’on puisse se ressembler ensemble et qu’on arrête de me dire que « t’es rien qu’un pédé si tu as de la compassion pour des bêtes ». Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai eu le déclic. Le déclic que les lobbies agricoles et autres économistes en herbe ne veulent surtout pas qu’on ait… le déclic antispéciste.

 

 

Antispécisme ? What the fuck ?

Le spécisme, comme son nom l’indique, est une discrimination injustifiée fondée sur l’espèce. Comme le sexisme est fondé sur le sexe, ou le racisme sur la race.

Les humains décident arbitrairement que les autres animaux n’ont pas la même valeur, et qu’on ne leur doit pas le même respect, sous prétexte qu’ils ne sont pas humains.

« Ils sont moins intelligents ». On peut aussi supposer qu’un foetus de 4 mois est moins intelligent qu’un chien et pour autant on n’a pas le droit de le tuer. On lui accorde plus de respect qu’à un chien, et plus encore qu’à une vache.

« Ils ne savent pas parler ». En fait ils communiquent différemment, mais cela n’a jamais justifié un tel massacre, enfin si… au temps des colons.

« Ils ne réfléchissent pas comme nous ». Nous ? Une multiplicité de « nous » coexiste, et je pourrais mettre ma main au feu qu’on trouve certains animaux plus intelligents que certains humains. Et ces humains moins intelligents, sont-ils pour autant moins humains ? Non. Est ce qu’on les utilise pour faire des tests, des vêtements, ou pour les manger ? Non plus.

Il est clair que la seule raison qui nous pousse à exploiter des animaux est qu’ils ne sont pas humains. A partir de là, on peut broder et inventer tout un tas de fausses raisons pour justifier nos crimes. Comme on justifiait l’esclavage des noirs par tout un tas de critères qui ne servaient qu’à masquer le fait que seule la couleur de peau poussait à l’esclavage. Comme la domination de l’homme sur la femme.

L’antispécisme, c’est donc combattre cette injustice, la discrimination sur l’espèce qui mène aux pires massacres jamais perpétrés… 60 milliards d’animaux terrestres par an, juste pour la viande.

 

 

Veganism is the only way

Partant de là, il devient inconcevable de manger la chair des animaux, mais aussi tous les produits issus de leur exploitation. Le lait ? Il provient d’un mammifère, qui produit -comme tous les mammifères, humains compris- du lait pour son petit, pas pour nourrir une autre espèce qui l’exploite; les oeufs ? La fourrure ? Le cuir ?

Nous n’avons pas besoin d’exploiter les animaux pour vivre en bonne santé. La caution de l’agonie n’est pas le mode de vie que j’ai choisi. Car nous avons le choix.

Dès lors que nous savons, nous faisons le choix de continuer à exploiter et massacrer ou non les animaux.

On ne peut pas dire que les exploiter n’est « pas grave ». On ne peut pas fermer les yeux et les laisser souffrir et se faire tuer, et mépriser.

 

Les gens s’imaginent souvent que pour nourrir tout le monde sur Terre, il faudrait produire plus de viande. C’est une aberration écologique. Certaines personnes deviennent végétaliennes par souci de l’environnement. Ce n’est pas mon cas, mais puisqu’on demande…

Pour produire 100g de viande il faut entre 6 et 10 fois ce poids en céréales, qui seraient par ailleurs directement consommables. Le soja, produit au Brésil (RIP Amazonie), nourrit le « bétail » occidental. Qui profite de ce commerce ? Certainement pas les populations locales. Certainement pas les gens qui crèvent de faim dans le monde.

S’il n’y avait pas tous ces animaux à nourrir, les céréales produites pourraient nourrir 13 milliards d’humains.

Oui, le véganisme est soutenable, pour notre santé à nous, pour celle de la planète, et des populations d’ailleurs dans le monde. Mais surtout, pour les animaux ; je ne dirais pas que je me fous des producteurs bretons, mais simplement que je trouve vraiment douteux de comparer 30 000 emplois à 60 milliards de vies arrachées par an.

Le véganisme est surtout la seule position éthique et cohérente lorsque l’on respecte les animaux.

La subtilité de l’anglais permet de faire la différence entre les « pet lovers » et les « animal lovers ». Même si je préfère parler de respect, car j’ai du mal à aimer les individus que je ne connais pas, qu’ils soient de l’espèce humaine ou d’une autre espèce animale.

 

 

Alors pourquoi on n’est pas tous déjà vegans ?

Sûrement qu’une part des humains se fout éperdument des animaux, humains ou non, et que ça leur passe complètement au dessus.

Une autre partie des humains raisonne en terme de priorités… « les animaux, les animaux… et les enfants ??? » ce raisonnement est erroné. Déjà, parce que les enfants ont beaucoup plus de droits que les animaux, comme le droit à la vie. Ensuite, parce qu’œuvrer pour les animaux ne veut pas dire qu’on ne peut pas œuvrer pour les humains aussi. C’est d’ailleurs souvent ce que font les antispécistes, contrairement aux personnes qui critiquent les priorités bien installés dans leur canapé.On pense que « c’est triste, mais c’est comme ça »; « on peut pas faire autrement ». C’est faux.

Le changement fait peur. On se trouve toutes sortes d’excuses parce qu’on a peur de perdre notre statut d’humains privilégiés en considérant un peu les autres animaux. Or, il ne s’agit pas de rabaisser l’humain… mais bien de « remonter » les autres animaux, en leur accordant le respect qu’ils méritent.

 

 

 

Néanmoins, le sort des animaux intéresse de plus en plus les gens; le végétarisme, le végétalisme, l’antispécisme, commencent à se diffuser, notamment grâce aux mouvements militants.

Non, on ne peut pas dire que le végétarisme est une affaire personnelle : la vie d’innocents est en jeu. Aussi, on ne saurait résumer le véganisme à un mode de consommation : c’est avant tout un mode de pensée, un positionnement théorique et éthique, qui peut se traduire au quotidien dans des actes.

Question de cohérence….