Articles Tagués ‘canards’

En fait, je dis une journée, mais ce que je vais raconter tient sur une heure de temps. Imaginons la taille de l’article, si je devais retracer une journée complète….

« Cool, on va donner du pain aux canards »

Je passe sur un pont, et je vois un homme et des enfants, tous regardent en direction du canal, sous le pont.  Je les dépasse, et je comprends un peu tard ce qu’ils étaient en train de faire : jeter du pain aux canards. J’ai hésité longtemps à me retourner pour aller leur parler, mais je n’avais pas toutes les infos en tête… La prochaine fois je le ferai.

Lorsque l’humain nourrit les canards, il leur propose un lieu de nourrissage qui n’est pas nécessairement compatible avec leurs besoins réels. Autrement dit, les canards vont venir se concentrer là où on les nourrit, et pas là où se trouve leur nourriture. Si leur population se régule normalement en fonction des ressources disponibles, le fait de les nourrir court-circuite cette régulation.

Ça c’est un point important, parce que ça marche de la même manière pour les pigeons en ville. Si les pigeons cherchent leur nourriture en ville, c’est bien parce qu’ils l’y trouvent. Sauf qu’ils ne sont pas les bienvenus en ville. La « surpopulation », la régulation, les nuisibles, éradiquer, capturer, tuer. Ça monte vite.

On trouve aussi le problème des apprentissages des petits : ils apprennent à ramasser ce que les gens balancent, et pas à fouiller leur environnement comme ils devraient le faire. Cet apprentissage biaisé mène aussi les canards à attraper tout ce qui tombe / est balancé, et on sait que les gens sont pas très regardant sur ce qu’ils foutent dans le canal… bouchons en plastique et autres ne sont pas digérés par les canards. Ils grossissent, ne volent plus, ou juste meurent d’avoir ingéré trop de glucides.

Aussi, le pain c’est de la merde. Les canards ne mangent pas de pain.

ON trouve toutes ces explications sur divers sites :

Pourquoi ce besoin de nourrir les animaux sauvages qui n’ont aucunement besoin de nous pour vivre ? Peut-être que c’est plaisant de se croire utile. D’aider « le faible ». Parce que les pauvres, ils ont besoin de nous pour vivre… tous les animaux ont besoin de nous, ils sont tellement bêtes… (argument souvent repris pour la production de lait « non mais la vache si on la trait pas, elle meurt ! », ou pour les divers élevages « ben si on les élève plus, ils existent plus ! »).

Ça me fait penser aux animaux de Tchernobyl. Pour ceux qui ne sont pas trop au courant, depuis que les humains ont déserté, Tchernobyl est devenu un genre de paradis pour les animaux non-humains… qui ont enfin la paix. (vidéo arte: http://www.mystere-tv.com/la-nature-apres-tchernobyl-v928.html ).

D’ailleurs, ça me fait aussi penser à ça : http://www.question-animale.org/fra/estivales-2013-pierre-sigler-2

le phénomène de marronnage, ou comment des individus appartenant à des espèces autrefois domestiquées parviennent à retourner à l’état sauvage et à vivre sans nous.

En fait, les individus que nous n’avons pas domestiqués peuvent très bien vivre sans nous. Il faut arrêter de nous croire indispensables à leur survie.

ça ne veut pas dire qu’il faut laisser mourir les animaux qui ont réellement besoin d’aide, je précise… Et il y a aussi des moyens adaptés de nourrir les canards, par exemple, si ceux ci en ont besoin.

« Cool, on va pêcher des poissons ! »

Bam, plus loin sur le pont, j’oublie les canards, je croise un pêcheur.  Beaucoup de gens, quand ils croisent un pêcheur, voient une personne qui est en train de se divertir. Et quelques uns voient un homme en train de tuer sciemment des individus. Il va les chercher dans leur lieu de vie, appâtés par un autre individu qui lui est définitivement condamné de toutes façons. La mort d’un poisson sorti de l’eau est l’une des plus douloureuses, c’est la mort par asphyxie. C’est aussi celle qu’on n’entend pas et pour laquelle on ressent le moins d’empathie.

« Cool, on va chez Truffaut »

Ou plutôt c’est Truffaut qui s’invite chez toi. Avec son magazine publicitaire qui fait rêver : vente de lapins, d’oiseaux, de poules « d’ornement », de poissons, de reptiles…. Tous ces individus dont on chiffre la valeur, que l’on s’échange contre un peu d’argent, que l’on enferme jusqu’à la mort ou jusqu’à ce qu’on s’en lasse, pour qu’ils soient enfermés ailleurs.

« Cool, on va bouffer au resto ! »

Je crois que les responsables marketing qui ont mis au point le concept de l’animal heureux d’être tué et mangé nous prennent vraiment pour des cons. Un cochon serveur qui amène des plats faits de morceaux de ses congénères sur la table, des maman-vaches qui donnent leur lait de bon cœur à d’autres que leurs veaux pour faire du chocolat, des animaux qui se découpent eux-mêmes. Comme si on allait avaler ça, comme si ça pouvait faire passer la question de la culpabilité. Ce sont juste des individus qui voudraient vivre, pas des Jésus qui nous font sacrifice de leur vie.

Arrêtons-nous là, ça fait déjà beaucoup de choses à assimiler.